La menace imminente de tarifs américains sur les produits canadiens a entraîné des craintes et des défis importants pour de nombreuses industries au Canada. Des perturbations commerciales à l’augmentation des coûts, l’impact est vaste et imprévisible.
Pour les associations canadiennes représentant des industries fortement touchées, il est crucial de naviguer dans cette situation complexe avec des stratégies claires et des efforts proactifs pour atténuer les répercussions. Voici quelques conseils clés destinés aux associations canadiennes pour aider leurs membres à résister et à prospérer malgré les pressions des tarifs douaniers.
1. Collaborer et initier afin de contrer les tarifs américains
Faire équipe avec des associations/partenaires américains :
C’est l’une des stratégies les plus efficaces pour lutter contre les effets négatifs des tarifs américains. Collaborer avec des partenaires partageant les mêmes intérêts serait particulièrement bénéfique pour les industries où les chaînes d’approvisionnement transfrontalières font intégralement partie des opérations, telles que l’industrie automobile.
Le PDG de Ford, Jim Farley, a récemment décrit les droits de douane de 25 % sur l’acier et l’aluminium, ainsi que les menaces de prélèvements du même montant sur le Mexique et le Canada, comme ajoutant actuellement « beaucoup de coûts et beaucoup de chaos » à l’industrie. M. Farley a souligné que l’imprévisibilité des tarifs américains et des relations commerciales ne fait qu’entraver la croissance des entreprises, affectant non seulement ces dernières, mais aussi les personnes qu’elles emploient. En s’alignant sur les associations américaines, les groupes de pression des consommateurs et les fabricants américains, les associations canadiennes telles que l’Association des fabricants de pièces automobiles (APMA) peuvent amplifier ce message et plaider en faveur de la stabilité nécessaire à la croissance des deux côtés de la frontière.
Lancer des programmes et des subventions pour le développement des marchés non américains :
Pour atténuer l’impact des droits de douane américains, les associations canadiennes devraient s’efforcer d’aider leurs membres à explorer de nouveaux marchés non américains. Une façon d’y parvenir est de collaborer avec des experts en commerce international qui peuvent fournir aux membres les outils et les connaissances dont ils ont besoin pour se développer dans de nouvelles régions. En proposant des programmes, des ateliers et même des subventions destinés à aider les membres à développer de nouveaux marchés, les entreprises pourront réduire leur dépendance à l’égard du marché américain.
Par exemple, des programmes spécifiques de formation à l’exportation, tels que le Programme d’accélération du commerce de Développement économique Canada, offrent aux entreprises canadiennes les outils et les stratégies initiales pour explorer de nouveaux marchés internationaux, aidant à contrebalancer les effets des droits de douane sur les exportations américaines.
2. Se faire entendre et se montrer patriote
Communiquer les difficultés de votre industrie au gouvernement face aux tarifs américains :
Les communiqués de presse sont un outil essentiel pour les associations canadiennes qui souhaitent faire connaître les difficultés que connaissent leurs membres. Par exemple, l’Association canadienne des producteurs d’acier, ainsi que les Manufacturiers et Exportateurs du Québec, ont publié des déclarations soulignant les défis auxquels les producteurs d’acier canadiens sont confrontés en raison des droits de douane américains, en particulier sur les importations d’aluminium et d’acier. Ils ont souligné la perte de compétitivité sur le marché nord-américain et ont demandé au gouvernement canadien d’adopter une position ferme, par exemple en prenant des mesures de rétorsion ou en offrant une aide financière ciblée. Ce document a été utilisé dans le cadre d’actions de lobbying auprès des autorités fédérales canadiennes afin d’élaborer des mesures susceptibles de compenser les effets des droits de douane.
Le Sénat canadien (Sencanada.ca)
De la visibilité dans les médias canadiens et américains :
La sensibilisation aux défis posés par les droits de douane est essentielle pour obtenir le soutien des milieux d’affaires et du public. Les associations canadiennes doivent s’engager activement dans des campagnes de relations publiques pour informer les médias et éduquer les consommateurs des deux côtés de la frontière. En organisant des conférences de presse, en publiant des communiqués de presse et en accordant des entretiens, les associations peuvent mettre leurs problèmes au premier plan du débat public.
C’est ce qu’a fait Tom Osborne, directeur général de Dairy Farmers of Newfoundland and Labrador. Dans un entretien accordé à CBC News, il a expliqué la réalité du commerce des produits laitiers entre les États-Unis et le Canada et a détaillé les effets potentiels des droits de douane sur l’industrie. Cela a permis de faire connaître le point de vue des producteurs laitiers canadiens.
Privilégier les fournisseurs canadiens pour ne pas subir de tarifs américains :
Les entreprises canadiennes étant confrontées à des coûts plus élevés en raison des droits de douane américains, il est plus important que jamais de soutenir les fournisseurs nationaux. Les associations peuvent apporter leur aide en préparant et en diffusant une liste de produits et de services « fabriqués au Canada » à l’intention de leurs membres. Cette liste pourrait prendre la forme d’un répertoire ou d’une base de données de fabricants et de fournisseurs canadiens vers lesquels les membres peuvent se tourner afin de réduire leur dépendance envers les importations américaines.
Par exemple, la Fédération canadienne des entreprises indépendantes (FCEI) a créé une affiche gratuite « Soutenez l’achat local » qu’elle propose à ses membres. En favorisant les fournisseurs canadiens, les entreprises peuvent non seulement atténuer les effets des tarifs américains, mais aussi soutenir l’économie canadienne dans son ensemble, en favorisant la croissance au sein du pays et en créant des chaînes d’approvisionnement plus résistantes.
3. Ne pas laisser les tarifs américains dérouter votre mission
Unir vos membres pour contrer les tarifs américains plus effectivement :
En temps de crise, le pouvoir de l’unité ne peut être sous-estimé. Les associations canadiennes devraient favoriser un sentiment d’appartenance à la communauté parmi leurs membres en créant des plates-formes pour partager des exemples de réussite. En présentant les méthodes innovantes par lesquelles les entreprises ont réussi à faire face aux tarifs douaniers, les associations peuvent offrir une source d’inspiration et des stratégies pratiques à d’autres personnes en difficulté.
Un autre exemple provenant du FCEI a été de regrouper des ressources et d’organiser des colloques, tels que le Business Transitions Forum (BTF). Dans ce forum, les membres peuvent discuter de stratégies innovantes pour faire face aux augmentations de tarifs, y compris la recherche de fournisseurs alternatifs et l’amélioration de l’efficacité.
Restez en contact avec vos membres :
Une communication constante est essentielle en période d’incertitude. Les associations canadiennes devraient informer régulièrement leurs membres de leur façon d’aborder les répercussions des tarifs douaniers et de l’aide dont ils peuvent bénéficier. Cela peut se faire par le biais d’infolettres, de webinaires réservés aux membres ou de rapports réguliers décrivant les progrès réalisés, les initiatives à venir et les moyens mis en œuvre par l’association pour aider ses membres.
En gardant les lignes de communication ouvertes, les membres se sentent soutenus et informés. Cela permet également d’instaurer un climat de confiance entre l’association et ses membres, ce qui est crucial en période d’adversité.
L’Association canadienne des producteurs pétroliers communique régulièrement avec ses membres grâce à des balados, des discours, des infolettres, des rapports industriels et des réunions virtuelles afin de les tenir informés de la situation tarifaire et des réponses du gouvernement. Ces communications contiennent des conseils sur la manière de gérer l’augmentation des coûts et de profiter des programmes d’allègement tarifaire potentiels du gouvernement canadien.
Évaluer l’impact financier et se préparer à une érosion du nombre de membres :
L’une des conséquences malheureuses des problèmes liés aux tarifs américains est le risque d’attrition des membres. Comme les entreprises s’efforcent de faire face à l’augmentation des coûts, certaines pourraient être contraintes de réduire leurs activités, voire de fermer leurs portes. Pour s’y préparer, les associations doivent évaluer l’impact financier sur leurs membres et élaborer un plan de soutien pour ceux qui pourraient être menacés.
Il peut s’agir d’offrir une aide financière, des rabais sur les frais d’adhésion ou l’accès à des programmes spéciaux conçus pour aider les entreprises à surmonter la crise. En anticipant les pertes potentielles et en abordant la question de manière proactive, les associations canadiennes peuvent contribuer à réduire le nombre de membres contraints de quitter la communauté.
Conclusion
La menace de tarifs américains sur les industries canadiennes est une question urgente qui exige une action rapide et stratégique de la part des associations. En collaborant avec leurs partenaires américains, en communiquant clairement avec les représentants du gouvernement, en sensibilisant les médias et en aidant leurs membres à explorer de nouveaux marchés, les associations peuvent aider leurs membres à traverser cette période de turbulences. En outre, en favorisant l’unité, en soutenant les fournisseurs nationaux et en maintenant une communication constante avec les membres, elles renforceront la résilience de l’industrie dans son ensemble. En s’attaquant de front à l’impact des tarifs américains, les associations canadiennes peuvent transformer une situation difficile en une opportunité de croissance et d’innovation.